Comment expliquer une absence de règles ?
Par Lola Souris
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Tous les mois, vous attendez vos règles comme le messie : pourvu qu’elles ne tombent pas pendant un date, ou un lundi matin, ou le jour où vous osez le pantalon blanc… Si vos cycles sont parfaitement réguliers et que vous arrivez à anticiper vos menstruations, vous faites partie des chanceuses !
Pour les autres, il existe différentes méthodes qui permettent d’anticiper le jour probable de déclenchement des règles pour ne pas se laisser surprendre. Certaines s’adonnent même à un petit jogging ou un massage abdominal pour essayer de les déclencher.
Comment faire si malgré vos calculs et vos efforts, les règles n’arrivent pas ? Est-ce forcément préoccupant ?
Ne cédez pas à la panique, plusieurs raisons peuvent expliquer que vos règles se fassent attendre ou s’absentent quelques mois. On vous explique.
Aménorrhée : quand faut-il s’inquiéter ?
Aménorrhée primaire et aménorrhée secondaire
“Aménorrhée”, c’est le terme médical (et un peu pompeux) qui désigne l'absence de règles. Ça fait un peu clinique dit comme ça, mais ce n’est pas forcément grave. Pour savoir si votre absence ou retard de règles est inquiétant, commençons par un petit rappel essentiel.
On vous a sûrement appris qu’un cycle menstruel dure en moyenne 28,5 jours et que vous ovulez au 14ème jour. C’est vrai, mais il s’agit bien là d’une moyenne. Selon la Fondation de Recherche Médicale, un cycle est considéré normal s’il dure entre 21 et 35 jours. Si vos règles sont en avance ou en retard de quelques jours, pas de panique : votre corps suit simplement son propre rythme, on ne peut pas encore parler d’aménorrhée.
Il existe en fait 2 types d’aménorrhée :
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L’aménorrhée primaire si vous avez plus de 16 ans et que vous n’avez jamais eu vos menstruations. C’est probablement le signe d’une pathologie gynécologique ou hormonale. Pour info, l’âge moyen des premières règles se situe entre 12 et 13 ans en France (Inserm). Cette donnée est stable depuis une dizaine d’années !
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L’aménorrhée secondaire si vous avez l’habitude d’avoir vos menstruations mais que, pour une raison ou une autre, elles sont portées disparues depuis au moins 6 mois. Si vous n’avez pas eu vos règles depuis moins de 6 mois, on ne parle pas d’absence de règles mais de retard (même si ce retard est très important et vous inquiète).
Quelle que soit votre situation, on vous explique comment faire pour retrouver un cycle régulier et quels sont les bons réflexes à adopter.
À savoir : si vous venez d’avoir vos premières règles, soyez patiente. Votre corps a besoin d’au moins 2 ans pour se réguler, parfois plus longtemps. Ne soyez pas inquiète si vos cycles sont un peu anarchiques au début, on est toutes passées par là.
Comment expliquer que vous n'ayez jamais eu vos règles ?
Si vous avez au moins 16 ans et que vous n’avez jamais eu vos règles, vous souffrez donc d’aménorrhée primaire (vous avez suivi). Cela ne veut pas dire que vous n’aurez pas vos menstruations, c’est juste le signe que votre corps a besoin d’un coup de pouce. Plusieurs cas de figure :
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1er cas : Votre puberté est en retard. Dans ce cas, les caractères sexuels secondaires (poils, poitrine, élargissement des hanches…) ne se développent pas. Cela peut s’expliquer de différentes façons : une maladie chronique, une cause génétique ou une carence nutritionnelle. Votre professionnel de santé vous dirigera probablement vers un traitement hormonal pour déclencher la puberté.
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2ème cas : Il s’agit d’une anomalie chromosomique appelée syndrome de Turner (perte totale ou partielle du chromosome X). L’absence de règles est alors associée à tout un tas d’autres symptômes : une petite taille, une implantation basse des cheveux, des ovaires non fonctionnels. Ce syndrome est souvent détecté in utero, avant la naissance.
N’hésitez pas à consulter un médecin pour mettre un peu de lumière là-dessus et mieux comprendre ce qui vous arrive.
Vos règles sont en retard : les premiers bons réflexes
Vous auriez dû avoir vos règles il y a quelques jours, voire quelques semaines ? Voici les premiers bons réflexes à adopter avant de chercher une cause pathologique :
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Faire un test de grossesse. Figurez-vous que la grossesse est la 1ère cause d’absence de règles. Et oui, même si vous prenez religieusement votre pilule (ou autre contraceptif), le risque zéro n’existe pas. Commencez par là !
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Si vous allaitez, le retour de couches (le retour des règles après accouchement) n’est pas pour tout de suite. Il faudra attendre la fin de l’allaitement. Lors de la tétée, votre corps produit de la prolactine, une hormone qui bloque l’ovulation, et donc, les menstruations qui devraient suivre.
Attention toutefois, l’allaitement n’est pas un contraceptif. Si vous ne souhaitez pas tomber à nouveau enceinte, protégez-vous !
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Selon votre âge, il est possible que les cycles menstruels irréguliers soient les premiers signes de la ménopause. Pendant cette période, la production d’oestrogènes et de progestérone (hormones sexuelles) chute, ce qui influence directement vos cycles.
En France, la ménopause survient en général entre 45 ans et 55 ans (Inserm). Encore une fois, ce n’est qu’une moyenne, chaque femme est différente. Soyez donc attentive aux signaux de votre corps.
Une fois que vous avez éliminé ces causes naturelles, penchez-vous d’un peu plus près sur ce qui joue au niveau de vos hormones.
Vous n’avez pas vos règles : les causes possibles
Les troubles hormonaux qui impactent le cycle menstruel
Qui dit cycles menstruels perturbés dit hormones en bataille : la production d’oestrogènes et / ou de progestérone est impactée. Les oestrogènes sont vraiment les stars de votre cycle. Ils sont produits par les ovaires sous le contrôle de l’hypothalamus, une petite région située dans le cerveau. Lorsque cette zone ne fonctionne pas correctement, c’est tout votre cycle qui est impacté.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cela :
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Un apport calorique insuffisant
Vos organes ont tous besoin de nutriments pour fonctionner, mais votre corps considère que la production d’oestrogènes n’est pas vitale. Si votre apport est insuffisant, il va plutôt orienter l’énergie disponible vers les organes vitaux.
Vous pouvez observer une absence de règles si vous souffrez d’un trouble du comportement alimentaire (TCA), comme l’anorexie mentale. Ne sous-estimez pas cette possibilité, les TCA sont bien plus fréquents qu’on ne le pense. Selon la Fondation de la Recherche Médicale, ils sont encore sous-diagnostiqués et 80 % des personnes qui en souffrent sont des femmes.
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Une pratique sportive excessive
Vous avez peut-être entendu les témoignages d’athlètes féminines pendant les JO, expliquant qu’elles n’avaient plus leurs règles depuis des mois, parfois même des années.
Un entraînement intensif soumet votre corps à un grand stress. Associez cela à une masse graisseuse insuffisante et un IMC trop bas, et vous obtenez le cocktail parfait pour dérégler le cycle menstruel.
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Un stress émotionnel
Un état de choc, une grande nouvelle ou un changement important dans votre vie peuvent avoir de vraies répercussions sur votre santé physique. Dans ce cas de figure, l’absence de règles est souvent associée à d’autres symptômes comme la perte de cheveux, l’acné, les variations de poids ou les troubles du sommeil.
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Une consommation excessive de tabac ou d’alcool
Bon, on ne voulait pas vous sortir le sempiternel discours sur l’hygiène de vie, mais une fois de plus… les conséquences sont bien réelles.
“Sur le plan hormonal, le tabac a un effet hypo-œstrogénique, favorisant des cycles menstruels irréguliers, anovulatoires et plus courts (réduction moyenne de 2,6 jours).” Jacques Cornuz, Carole Willi, Gabrielle de Torrenté de la Jara, Arlette Closuit, Cycles de vie d’une femme et tabac, Revue Médicale Suisse
Zoom sur le SOPK
Vous avez déjà entendu parler du SOPK ? Le syndrome des ovaires polykistique est une pathologie courante qui concerne 1 femme sur 10 en France (Inserm).
Une femme atteinte de SOPK peut observer à l’échographie des centaines de petits follicules immatures attroupés autour de ses ovaires. À l'image, ça ressemble à des kystes (d’où le nom), mais ça n’en est pas vraiment.
Si les médias parlent de plus en plus de cette pathologie, c’est parce qu’elle a des conséquences très importantes sur l’équilibre hormonal et la qualité de vie des femmes qui en souffrent. Concrètement, cette accumulation de follicules immatures entraîne la production excessive d’androgènes, les hormones masculines. Plusieurs symptômes en découlent :
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une ovulation irrégulière, donc des cycles anarchiques et des problèmes de fertilité,
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le développement de caractéristiques physiques masculines (pilosité notamment),
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des troubles métaboliques qui entraînent une prise de poids.
L’absence de règles ou les cycles irréguliers sont souvent les premiers signes qui alertent les femmes. Si vous avez un doute, n’hésitez pas à en parler à un gynécologue ou un médecin généraliste.
L’insuffisance ovarienne prématurée, vous connaissez ?
L’insuffisance ovarienne prématurée (IOP) est le terme médical qui désigne la ménopause précoce. L’IOP n’est pas si courante mais elle peut expliquer une absence de règles.
Concrètement, on parle de ménopause précoce si vous entrez dans un processus ménopausique avant l’âge de 40 ans. Pour diagnostiquer l’IOP, votre professionnel.le de santé sera attentif.ve au comportement de vos cycles menstruels et à la concentration de FSH dans votre corps. Notez que dans 80 % des cas, l’origine de la ménopause précoce n’est pas identifiée (CHUV).
En revanche, il existe des solutions pour vous prendre en charge sur le plan hormonal, physique et émotionnel. La ménopause précoce est un diagnostic difficile car votre corps entre dans une nouvelle étape de vie à laquelle vous n’êtes peut-être pas forcément prête. Prenez soin de vous et sollicitez un accompagnement pluridisciplinaire.
Que faire si vous n’avez pas vos règles ?
Vous l’avez compris, si vous n’avez pas vos règles, le premier réflexe est de faire un test de grossesse ! Dans un second temps, essayez de voir si d’autres symptômes se manifestent : stress, troubles du sommeil, douleurs chroniques… et renseignez-vous sur vos antécédents médicaux.
Le but est d’arriver préparée face à votre médecin généraliste ou votre gynéco pour lui présenter clairement la situation.
Surtout, ne paniquez pas. Votre corps est sensible aux variations d’humeur et à son environnement. Un changement d’habitude, d’alimentation, une période chargée au travail, une rupture difficile… tout cela peut aussi vous affecter au niveau physique.
Soyez tolérante et douce avec vous-même. Mangez équilibré, pratiquez une activité physique, continuez d’explorer votre intimité et le reste suivra !
Si vos règles sont aux abonnés absents depuis quelques temps, vous savez désormais comment réagir. On compte sur vous pour être à l’écoute des signaux de votre corps et prendre soin de vous ! N’hésitez pas à envoyer cet article à une amie qui en aurait besoin : plus on est informée sur notre santé, mieux on peut agir et reprendre le pouvoir dessus.
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