Durant tout l'été, nous suivons les aventures de Coraline, alias Coco, dans son roadtrip italien accompagné d'Élodie, alias Chouchou, sa meilleure amie. Une aventure estivale sous forme de voyage initiatique vers plus de puissance et plus de kiff. ☀️
Chapitre 1
18 juillet - Lyon
Hier soir, Chouchou a débarqué chez moi à 18 h 30.
Comme d’habitude, pas un message ou un appel en amont pour me prévenir. Mais bon, on est meilleures amies depuis le collège. On peut dire que je suis entraînée à ses visites à l’improviste. Certains jours, je me demande comment elle réussit à maintenir cette aura d'insouciance, à surfer sur les événements, à faire ce qui lui chante quand ça lui chante. C’est fascinant, mais aussi un peu irritant.
Moi, Coraline, alias Coco pour mes ami.e.s ou Coco Mojito (mais ça, c'est une autre histoire), je ne peux pas m’empêcher de toujours tout planifier, vérifier, perfectionner et travailler plus dur.
La preuve, mes copines m’ont proposé d’aller voir le feu d’artifice samedi et j’ai préféré rester chez moi pour prendre encore plus d’avance avant mes vacances qui, elles, n’ont pas de programme. Des fois, j’aimerais pouvoir lâcher un peu plus prise et profiter de la vie. Allez, je n'ai qu’à blâmer ascendant Vierge pour être trop carrée. C’est à ça que ça sert l’astro, non ?
Chouchou m’a regardée droit dans les yeux, avec son sourire énigmatique habituel, et m’a dit : « Meuf, ma tante vient de se séparer de son Italien et elle garde la villa à Vérone. Elle part se faire une retraite de yoga pour trois semaines. Et devine quoi ? Elle me laisse les clés ! Tu te rappelles ce road trip en Italie dont on rêvait à la fac ? Il semblerait qu’il se réalise enfin. Tu ne peux pas dire non, t’as posé des vacances et tu n’as rien de prévu ! Alleeeeez ! »
Un road trip. En Italie. C’était bien un rêve, mais à l’époque, c’était facile de rêver quand on était fauchées et insouciantes.
Maintenant, je suis graphiste dans une agence de pub en pleine croissance. Mon été est déjà planifié avec des projets à terminer et des préparations pour la rentrée.
Je lui ai d’abord répondu que ce n’était pas possible. « J’ai tellement de choses à faire, des projets importants pour la boîte. Et puis, je ne suis pas allée à la salle depuis six mois, je suis toute flasque ! » Mais elle a insisté, avec cette détermination douce mais implacable qui lui est propre. Elle a même cité mon actrice préférée, Sophia Loren, qui a dit un jour : « Je préférerais de loin manger des pâtes et boire du vin que d'être une taille 0. »
Chouchou a toujours su comment me faire flancher.
Alors, j’ai fini par accepter. Mes vacances étaient déjà posées et après tout, ce voyage pourrait stimuler ma créativité. Ça pourra toujours être bon pour ma carrière. Une partie de moi est excitée par l’idée de rompre cette monotonie qui m’enveloppe depuis quelques mois. Par contre, l’autre partie est déjà en train de stresser sur ce que je laisse en plan ici.
Et puis Chouchou a raison. Nous avons toujours rêvé de cette aventure, le moment est peut-être venu de la vivre. Je me souviens, on avait même listé les plats à tester et acheté un dico français-italien. Je dois encore l’avoir quelque part tiens. Le temps passe si vite et il serait dommage de continuer à repousser ce qui pourrait être une expérience inoubliable.
OK, allez Coco ne réfléchit pas trop sinon tu vas faire marche arrière. C’est décidé, cet été sera différent. Il sera spontané, insouciant et sous le signe de la sororité.
Pour le meilleur ou pour le pire, l’aventure commence. Je me demande ce que ce voyage me réserve. Est-ce que je réussirai à lâcher prise, à profiter du moment présent ? Je n’en suis pas sûre, mais un séjour en Italie n’a jamais fait de mal à personne.
Chapitre 2
25 juillet - Vérone, la belle Vérone
Hier soir, nous avons posé les valises à Vérone dans la villa de Christine, la fameuse tante fraîchement divorcée.
Dissimulé derrière un grand portail en bois en plein cœur de la ville, le lieu est une vraie merveille. La maison est décorée avec goût avec ce mélange kitsch et de classe dont seuls les Italien.ne.s ont le secret. Bien sûr, la moitié de la déco est estampillée Versace d’ailleurs !
Ça me fait un bien fou de voir d’autres inspirations, d’entendre la mélodie d’autres accents et de voir un peu le soleil. Je crois que je n’avais pas traversé la frontière française depuis 2019, avant le COVID.
Cette crise m’a rendue plus casanière et recluse que je ne le pensais. Finalement, à Lyon je vis surtout entre le bureau et chez moi, à l’exception d’un resto entre copines de temps en temps.
Mais aujourd'hui, la déesse de la Dolce Vita s’est penchée sur mon cas. Je n’ai pas encore trouvé son nom dans la mythologie romaine, mais elle a décidé de me donner une leçon.
Après avoir surchauffé à cause des centaines de photos prises, la batterie de mon fidèle téléphone a rendu l’âme. J’ai paniqué en pleine heure de l’aperitivo. Comment allais-je faire pour gérer mes mails, partager chaque nouvelle vision idyllique sur Instagram et rester dispo pour mes proches ? OK, j’ai mis un message d’absence sur ma boîte mail, mais on ne sait jamais. J’avais l’impression que tout pourrait s’écrouler sans moi.
Vérone avait déjà revêtu sa tenue de soirée, les magasins fermés, aucun moyen de trouver une solution jusqu’au lendemain.
Chouchou, fidèle à elle-même, a gardé son calme et m’a rappelé : « Coco, il n’y a pas mort d’homme. On est en Italie, profite ! » Plus facile à dire qu’à faire, mais il fallait bien que je m’adapte.
Sans téléphone pour me distraire, j’ai fini par me laisser emporter par l’atmosphère de cette ville romantique. Je ne cache pas que je me suis surprise à prendre plus d’une fois mon smartphone sans vie par réflexe. C’était effrayant de voir à quel point je suis habituée à vérifier mes notifications, prête à réagir comme si ma vie en dépendait. Cela a fait beaucoup rire Chouchou qui m’a proposé de regarder ses propres réseaux si j’avais vraiment besoin de ma dose d’écran.
Après un apéritif plutôt stressant, j’ai fini par me détendre peu à peu.
Nous avons flâné environ une heure avant de choisir un petit restaurant avec une cour intérieure ravissante. L’endroit était charmant avec ses lumières tamisées, ses tables en bois rustique et le brouhaha des Italien.ne.s qui profitaient de leur soirée.
Nous avons commencé par une bruschetta. Le pain était croustillant à souhait, l’huile d’olive riche et fruitée et les tomates gorgées de soleil. Mama mia ! Rien à voir avec celle qu’ils proposent à 15 € en centre-ville lyonnais. Ensuite, j’ai choisi des raviolis ricotta-épinards. Chaque bouchée était un délice, la pâte tendre, la ricotta crémeuse et les épinards subtilement assaisonnés. Le tout arrosé d’un vin blanc frais, légèrement fruité, parfait pour accompagner ce festin. Les saveurs et les textures semblaient venir d’un autre monde. J’y ai pris autant de plaisir qu’à mon dernier rapport sexuel.
Pour la première fois depuis longtemps, je me suis vraiment détendue. Nous avons ri, parlé de tout et de rien, comme autrefois. Cette soirée m’a rappelé pourquoi Chouchou et moi sommes si proches. Elle sait comment me ramener sur terre, comment me faire apprécier les petites choses de la vie.
Nous avons terminé cette première soirée italienne sur le balcon de l'incroyable villa. Le ciel était clair, parsemé d’étoiles et l’air du soir était doux. Assises là, un verre de limoncello à la main, nous nous sommes laissé envelopper par la tranquillité de la nuit.
L’alcool aidant, nous avons parlé de nos fantasmes.
Chouchou m’a confié avoir réalisé son fantasme de fac de faire un plan à trois avec deux femmes. C’est arrivé l’an dernier avec sa copine de l’époque et une amie à elle. Elle a adoré l’expérience, bien que ça n’ait pas du tout ressemblé à ce qu’elle imaginait. Apparemment, les trois femmes ont beaucoup ri, se sont emmêlé les pinceaux plusieurs fois, mais ça n’a fait qu’ajouter à l’expérience. Aujourd’hui, elle fantasme sur une orgie où elle pourrait être regardée.
De mon côté, je n’ai pas eu l’occasion de concrétiser le fantasme de mes années étudiantes. Faire l’amour avec un inconnu, ne pas connaître son nom. Juste du sexe pour du sexe, une sorte de combustion instantanée en quelque sorte.
Nous avons fini par nous poser l’éternelle question : faut-il ou non réaliser ses fantasmes les plus fous ? Le débat fut entrecoupé de nombreux fous rires et de digressions au point d’en oublier le sujet principal.
Finalement, sans mon téléphone, j'ai redécouvert ce que signifiait profiter du moment présent. Peut-être que ce voyage m'apprendra à lâcher prise plus que je ne le pensais. Pour une fois, je suis reconnaissante que la technologie m’ait abandonnée. J’écris ces lignes alors qu’il est tard et les quelques verres de ce soir commencent à me faire somnoler.
Ou peut-être est-ce la déesse qui me murmure de me reposer, car d’autres aventures m’attendent ?
Chapitre 3
26 juillet - Vérone toujours
Après un réveil un peu difficile suite aux quelques verres de la veille, nous avons commencé la journée en savourant un café en terrasse. Rien de mieux qu’un bon cappuccino pour attaquer ce deuxième jour en terre italienne.
Chouchou et moi en avons profité pour faire le bilan des merveilles qui nous entouraient. Nous sommes tombées d’accord : les beaux Italiens et les belles Italiennes font partie des monuments à admirer au même titre que n’importe quel palazzo. Et je dois dire que tous ces corps sublimés par le soleil commençaient à réveiller une libido que je croyais pourtant morte et enterrée depuis ma rupture avec Mathieu il y a 7 mois.
Nos gloussements ont capté l’attention d’un groupe de trois Espagnoles qui semblaient avoir opté pour la même activité en cette fraîche matinée.
L’une d’elles, avec une épaisse chevelure bouclée et une bouche ourlée de rouge, nous a interpellées dans un anglais parfait : « Excusez-moi, je crois que j’ai entendu un accent français ! Nous sommes aussi venues en Italie pour profiter de la vue », déclara-t-elle avec un clin d’œil appuyé. Nous avons ri ensemble et la conversation s’est engagée spontanément.
Lola, Silvia et Marta étaient en route pour un festival de musique au sud de la ville qui se tenait ce week-end. C’était devenu leur rendez-vous annuel depuis que l’une d’entre elles s’était mariée. Leur devise était Tout ce qui se au Euforia Fest reste au Euforia Fest !
Après notre café, nous nous sommes laissées charmer par le centre historique médiéval de Vérone. Le mélange d’architecture gothique et Renaissance était un vrai régal pour les yeux. En bonnes touristes, nous avons adoré les statues de la façade du Palazzo Maffei sur la superbe Piazza delle Erbe. Chaque bâtiment semblait vouloir nous dévoiler les secrets et les intrigues de son époque.
Notre exploration nous a ensuite conduites à l’incontournable balcon de Roméo et Juliette. Le lieu était animé, mais le flot de gens s’était calmé pour la journée. Voilà l’occasion rêvée pour profiter de la vue sur la cour depuis la balustrade sculptée.
« Tu sais, Chouchou, je me demande pourquoi Roméo et Juliette sont devenus le symbole de l’amour idéal. Leur histoire est tragique et je suis persuadée que Shakespeare a écrit un conte moral pour nous mettre en garde contre les dérives de l’amour », dis-je en regardant la statue de Juliette dont le sein gauche avait été poli par les millions de personnes en quête désespérée de leur moitié.
Chouchou acquiesça. « Ouais, t’as raison. Leur idylle est expresse et fatale. Ce ne sont que des ados et je crois que la pièce ne s’étend même pas sur une semaine. On peut carrément voir ça comme une mise en garde contre les excès de passion. Peut-être que leur histoire nous rappelle qu’un amour intense n’est pas nécessairement le plus sain. »
Je souris. « C’est vrai. L’amour romantique, c’est chouette, mais il ne devrait pas primer sur toutes les autres formes d’affection. L’amour de soi, l’amour que l’on porte à sa famille et à ses copines, ont tout autant de valeur. »
« Absolument. Regarde-nous en train de profiter de ce moment. Cet amour et cette amitié sont essentiels. C’est un peu ce que m’a enseigné Sex and the City pendant mes centaines d’heures de visionnage. Nos ami.e.s peuvent être nos âmes sœurs », répondit-elle en me serrant contre elle.
Sur le retour, nous avons continué à partager nos réflexions sur toutes les formes que pouvait prendre l’amour. Le temps paraissait s’être suspendu alors que le soleil se couchait doucement sur cette ville romantique.
Nous avons clôturé cette journée en réservant nos billets pour l’événement dont les trois Espagnoles nous avaient parlé. Je crois que mon dernier festival date de mes 23 ans. J’étais à la fois très excitée à l’idée de retenter l’aventure, mais j’avais aussi peur de ne pas me sentir à ma place.
Rien ne pouvait me préparer à ce qui restera l’une des nuits les plus torrides de mon été.
Chapitre 4
29 juillet - Euforia Festival
L’excitation du festival de musique était palpable dès notre arrivée. Je ne connaissais pas la moitié des groupes, mais l’ambiance était hyper festive.
Nous avons retrouvé les trois Espagnoles, prêtes à se lancer dans la danse et à savourer chaque moment. Chouchou, quant à elle, a été prise d’un coup de blues, la bonne vieille mélancolie du SPM. Je l’ai rassurée, lui disant qu’elle pouvait rentrer à la villa facilement en Uber. J’étais une grande fille capable de profiter de la soirée en solo. Après tout, j’avais pris le numéro des Espagnoles pour qu’on se retrouve plus tard.
Une fois Chouchou partie, je m'éloignais de la foule en direction du bar. Je n’avais pas fait la fête depuis longtemps et encore moins seule, il me fallait une petite dose de courage.
Et puis je l’ai vu.
Il était derrière le bar, posté à remplir des pintes de bière à la chaîne.
Comme personne ne venait me servir, il a quitté son poste pour prendre ma commande. J’ai tout de suite remarqué ses pommettes hautes et cette mèche qui, malgré ses multiples tentatives de la mettre derrière l’oreille, continuait de retomber devant ses longs cils bruns. Il m’a fallu toute la concentration du monde pour demander, tremblante, « una birra, per favore » alors qu’une vague, que dis-je, un tsunami de chaleur partait de mon ventre pour enflammer tout mon être.
La violence soudaine du désir m’a sonnée sur place. J’avais oublié le goût du vertige où l’excitation se mêle au danger. Il a suffi que ses yeux noirs se posent brièvement sur les miens pour que je sois tiraillée de nouveau par cette faim que je croyais m’avoir désertée.
Oh, quel délice de se sentir transpercée par la flèche d’Eros.
Une fois ma commande payée sans même lever les yeux, je me suis reculée de quelques pas dans un coin moins fréquenté du bar.
J’avais besoin de vérifier que cette apparition furtive était bien réelle. Telle une naturaliste en expédition, j’ai pu apprécier cette créature depuis mon poste d’observation. Mes yeux ne pouvaient se détacher de son bras gauche, en particulier de ce biceps qui se tendait pour activer la tireuse à bière. L’organisation du festival avait dû se tromper dans la taille, car son t-shirt de bénévole était visiblement trop petit pour lui, ce qui faisait encore plus ressortir la tension de ses muscles. Avec la chaleur, je pouvais même discerner l’ombre d’une veine sur l’avant-bras, toute cette vie qui pulsait en lui.
J’avais envie de remonter le long de cette veine avec ma langue, de prendre mon temps jusqu’à son cou. De goûter sa peau et le salé de sa transpiration, puis de poursuivre mon exploration jusqu’à sa bouche. Savourer cette tension, ce moment suspendu avant de rencontrer ses lèvres un peu trop charnues pour ses traits fins. Je brûlais de glisser ma langue entre ses lèvres en me saisissant de ses hanches pour plaquer mon corps contre le sien. Et de descendre lentement ma main le long de son torse, effleurer son nombril pour arriver jusqu’au renflement entre ses jambes.
Perdue dans les contrées les plus inavouables de mon imagination, je ne me suis pas vue descendre cette bière d’une traite. En même temps, il faisait chaud, non ?
Enivrée par le désir, je me suis retrouvée à lui commander un second verre. J’avais besoin de collecter plus de détails pour alimenter le scénario qui envahissait peu à peu mon esprit de graphiste, jusque-là peuplé de nuanciers de couleurs et de polices de caractères. Cette fois-ci, j’ai osé le remercier en le regardant dans les yeux. Pourtant, je me sentais nue, certaine que mon envie transpirait par tous les pores de ma peau. Il soutint mon regard et me dit dans un anglais tout hésitant : « C’est ma pause, tu prends ton verre avec moi ? »
Impossible de savoir si j’ai répondu en italien, en anglais ou en français, mais c’était oui.
Nous nous sommes installés à une table un peu à l’écart, loin de la clameur du bar.
L’aura du barman sûr de lui s’était évanouie. Il lança la conversation, mais avait beaucoup de mal à me regarder dans les yeux, faisant semblant d'observer les musiciens s’installer sur scène au loin. Je trouvais cela incroyablement attendrissant. J’avais toujours eu un faible pour les hommes qui, malgré leur apparence extérieure de confiance, révélaient une certaine vulnérabilité lorsqu’ils se retrouvaient seuls avec une femme.
Ce n’était pas seulement la maladresse qui m’attirait, mais aussi la manière dont il tentait de maintenir une façade de mec qui sait ce qu’il fait tout en se débattant avec le maelström intérieur de ses émotions. Il était évident qu'il avait l'habitude de jouer le rôle de l'idéal de masculinité en public, le barman sexy et impassible, mais je pouvais voir cette image lisse se fissurer au fur et à mesure que les secondes s’écoulaient. Ça me donnait encore plus envie de lui.
Chaque fois que nos regards se croisaient presque par accident, je sentais une tension électrique qui semblait nous lier.
Je tentais de maintenir la conversation légère malgré le flot d’images de nos corps fusionnant l’un avec l’autre qui déferlait dans mes pensées.
« C’est la première fois que tu es bénévole ici ? » - vision de lui me relevant la jupe alors que je suis allongée sur cette même table où nous partageons un verre.
« Non, j’habite en France à Lyon. Je ne suis là que pour quelques jours. » - lui torse nu qui entre en moi sans autre forme de procès dans la moiteur de ce soir d’été.
« Ah, oui, c'est très joli Vérone » - il glisse ses doigts dans ma bouche en me regardant droit dans les yeux et en me demandant si le rythme de ses coups de bassin me convient.
Nous avons continué d’échanger des banalités, preuve que l’attraction était palpable. Il était évident que nous étions deux à être perdus dans cet abîme brûlant de désir.
Sans réfléchir, je lui ai demandé s’il voulait rentrer avec moi après son shift. Ce n’était ni du courage, ni une tentative de séduction audacieuse, juste une réponse instinctive à l’urgence de mon corps, ce besoin irrésistible de sentir sa chaleur contre la mienne, de découvrir chaque recoin de son être.
Il a esquissé un sourire et m’a donné rendez-vous à minuit au même endroit.
Chapitre 5
29 juillet - De retour à la villa
La villa était plongée dans le calme lorsque nous sommes rentrés du festival. Un rapide coup d’œil à la chambre de Chouchou pour m’assurer qu’elle dormait et nous nous sommes dirigés sur la pointe des pieds jusqu’à la cuisine pour prendre une limonade bien fraîche puis direction le balcon. J’ai doucement fermé la porte derrière nous, ne voulant pas risquer de réveiller ma meilleure amie.
Les lumières de la ville s’étaient éteintes en partie et nous offraient une vue à couper le souffle sur le ciel étoilé. C’était comme si la voûte céleste s’était parée de ses plus beaux atours pour célébrer cette soirée avec nous. La fraîcheur de la nuit nous enveloppait alors que nous sirotions en silence notre verre.
Je ne m’étais pas rendu compte de la petite taille de ce balcon. Il était si petit que je pouvais sentir l’odeur de mon mystérieux barman à la mèche rebelle. Je sentais presque son souffle chaud qui caressait ma peau. Son verre terminé, il s’est approché de moi en murmurant « Che bellezza. »
Nos regards se sont croisés, et sans un mot, nos lèvres se sont trouvées. Le baiser était doux au début, puis je suis allée explorer sa langue avec la mienne. Je l’ai glissée entre ses lèvres avant de l’embrasser passionnément. Mes mains étaient plaquées contre son torse et les siennes glissaient depuis mon dos jusqu’à mes hanches. Ce désir déjà très présent depuis notre rencontre continuait d’enfler au creux de mon ventre et entre mes jambes.
Ses mains glissèrent sur le haut de mes fesses, elles parcouraient mes courbes avec une lenteur exquise. Ces dernières répondaient à chacune de ses caresses et s’enflammaient sous ses doigts habiles. Il remonta ma robe sur mes hanches et pressa son corps contre le mien pour me guider lentement contre la balustrade.
Ses baisers quittèrent ma bouche pour descendre le long de mon cou. Sa bouche s’arrêta un instant pour me mordiller le lobe de l’oreille avant de reprendre sa course. Mon être tout entier était suspendu à ses lèvres. Chaque nouveau mouvement faisait déferler en moi une vague de désir encore plus intense que la précédente. Il passa sa langue sur ma gorge puis entre mes seins dont il effleura les tétons à travers la robe. Avant que je ne réalise ce qui se passait, il était à genoux devant moi. Il attrapa les bords de ma culotte déjà trempée d’envie avant de me demander en murmurant « Je peux ? ».
Il fit glisser ma culotte et je sentis son souffle se rapprocher de l’intérieur de mes cuisses. Il les embrassa goulûment pendant que mon corps se cambrait contre la balustrade. Comment le simple souffle d’un homme qui prend son temps peut-il me procurer plus de plaisir que nombre de mes relations précédentes où ils allaient directement à la pénétration ? Je n’eus pas le temps de partir en quête d’une réponse, mes sensations me ramenèrent à l’instant présent. Une décharge me parcourait le corps alors que sa langue était remontée au creux de mon aine.
Agenouillé devant moi, il m’avait à sa merci.
Puis vint le moment fatidique.
Le bout de sa langue se déposa sur mon clitoris déjà gorgé d'envie.
Le sol se déroba sous mes pieds.
Ce plaisir qui ne cessait de monter en moi ne demandait qu’à exploser.
Les mouvements de sa langue devinrent plus insistants, traçant des cercles autour de mon clitoris. Il savait ce qu’il faisait, le bougre.
Mes mains agrippèrent ses cheveux noirs, cherchant un point d'ancrage dans ce tourbillon de sensations. L'envie montait en moi telle une tension brûlante qui ne demandait qu’à exploser. Mes gémissements étaient étouffés par la nuit et se fondaient dans le chant des cigales.
Il continua, alternant entre des coups de langue nerveux et des caresses plus douces le long de la vulve jusqu’à l’entrée de mon vagin. Les frontières de mon corps se dissolvaient peu à peu dans l’infini de la Voie lactée. Je n’étais plus qu’un brasier illuminant Vérone la Romantique.
Ma tête se renversa en arrière et le temps d’un éclair, j’aperçus fiévreusement les étoiles qui me semblaient scintiller encore plus qu’à notre arrivée. Un sourire se dessina sur mes lèvres et je fis un signe de tête à la Déesse, reconnaissante de ce cadeau.
L’extase se rapprochait alors que je resserrais les cuisses autour de son visage. Mais je ne voulais pas finir tout de suite. Je l’arrêtai en le libérant de l’étau et en relevant sa tête avec mes mains. J’avais envie de le sentir plonger en moi.
Il se releva en souriant et je l’embrassai de nouveau en goûtant sur ses lèvres le sel de mon propre désir.
Sans un mot, je le tirai vers ma chambre, refermant la porte derrière nous pour couvrir nos bruits. La lumière de la lune se déversait à travers les rideaux baignant la pièce d'une lueur argentée.
Nos vêtements tombés au sol traçaient le pèlerinage depuis la porte jusqu’au lit. Une fois sur celui-ci, il prit un moment pour enfiler un préservatif avec des gestes rapides et assurés. Puis nos corps se sont retrouvés d’instinct. Je pouvais sentir ses muscles se tendre alors qu'il se positionnait au-dessus de moi, ses yeux plongeant dans les miens avec une intensité désarmante.
Sans me quitter du regard, il se servit de son gland pour écarter délicatement les lèvres de ma vulve et effleurer mon clitoris.
Le désir était si puissant que j’aurais pu lui murmurer « Ti amo » et ne jamais le regretter.
Alors qu’il était déjà en moi, je murmurai à son oreille, lui demandant s'il voulait essayer quelque chose de différent. Il hocha la tête, ses yeux brillaient d'excitation et de curiosité. Sans qu’il ait à se retirer, je saisis le Bisou qui se languissait sur ma table de chevet. Je l’avais glissé dans ma valise dans l’espoir où l’envie de me faire plaisir en solo montrerait le bout de son nez.
Avec un sourire complice, je lui montrai comment l'utiliser sur moi alors que je le plaçais délicatement contre mon clitoris. Après plusieurs ajustements, nous finîmes par trouver la juste intensité et lui, le bon mouvement.
La sensation fut immédiate et je fus secouée par une décharge de plaisir pur. Il me regardait, fasciné, alors que je me débattais pour ne pas crier. Mes hanches se soulevaient du lit pour rencontrer chaque mouvement de ses coups de bassin.
J’entendais son souffle haletant proche de mon visage et j’arrivais à saisir ces brefs instants où ses yeux roulaient en arrière et sa tête se renversait, étourdi par les sensations. Le voir se laisser consumer par son plaisir ne faisait qu’attiser le mien. Ses mouvements se firent plus rapides et plus urgents. Nos corps étaient en parfaite harmonie.
Le mélange de ses va-et-vient en moi et des vibrations du Bisou me poussa rapidement au bord de l’abîme.
Celui qui a dit que le missionnaire était d’un ennui mortel n’a jamais pris son temps.
J’étais aux portes de l’extase, chaque fibre de mon être tendue vers cette libération imminente.
« Ne fais pas de bruit. » chuchota-t-il, ses lèvres effleurant mon oreille.
Mais c'était impossible.
À l’instant où l’orgasme déferla en moi, je ne pus m’empêcher de laisser échapper un cri étouffé, mes muscles se contractant autour de lui avec une force incontrôlable. Il était à la fois la tempête qui faisait tanguer mon navire, mais aussi l’ancre à laquelle je me raccrochais. Il se retira doucement, me regardant avec un sourire satisfait.
« J'ai adoré te voir jouir. » murmura-t-il, ses doigts traçant des cercles sur ma peau encore tremblante. Je souriais faiblement en lui demandant « Tu veux que je t’aide à terminer ? ». Il me répondit qu’il avait pris beaucoup de plaisir et que cela lui allait ainsi.
Mes yeux se fermèrent sous l'effet de l’épuisement et de la satisfaction. Nous nous sommes endormis enlacés, nos corps encore humides de désir, bercés par la douce mélodie de la nuit italienne.
Au petit matin, je me suis levée et j’ai trouvé un mot écrit derrière un ticket de cinéma vieux de plusieurs mois : Alberto avec un numéro de téléphone. Mince, j’étais passée à ça d’avoir réalisé mon fantasme avec un inconnu.
Si je n’ai connu son nom que le lendemain, ça compte quand même, non ?
Chapitre 5
30 juillet - Padoue
Le lendemain matin, j’ai rejoint Chouchou à la cuisine pour le petit-déjeuner. Chouchou, qui semblait libérée de son SPM, me lança un regard complice avant de demander : « Alors, comment s’est passée ta soirée, ma chère Coco ? »
Je lui racontai brièvement ma rencontre avec Alberto, en laissant de côté les détails les plus intimes. Elle me regardait me tortiller et choisir mes mots avec un sourire en coin. « Je suis ravie pour toi ! Pour être honnête, je t’ai entendue rentrer et j’ai vite compris que tu n’étais pas toute seule quand tu t'es mise à glousser. Une fois que vous êtes allés sur le balcon, j’ai sombré à nouveau. C’est cool, vous ne m’avez pas dérangée, » me rassura-t-elle.
Après avoir savouré notre café et nos tartines, nous avons bouclé nos valises et sommes parties en direction de Venise. La perspective de passer trois jours dans cette ville magique nous remplissait de joie. Nous avions loué une petite Fiat 500 vintage rouge pour nous immerger dans la dolce vita. La première heure de route correspondait totalement au cliché de la douce vie italienne. J’étais détendue et je me perdais dans mes souvenirs de la nuit précédente en contemplant le paysage.
Tout semblait parfait jusqu’à ce que la voiture fasse des bruits étranges avant de s’arrêter brusquement en rase campagne.
« Non, non, non, pas maintenant ! » m’écriai-je en tapant sur le volant alors que la panique s’installait en moi. Mon besoin de tout contrôler resurgissait, j'étais pourtant persuadée qu’il allait me laisser tranquille. Je n’avais pas le droit de profiter d’une journée complète sans ressentir l’anxiété me tapoter sur l’épaule. Était-ce trop demander ?
Heureusement, la providence était de notre côté. Un couple de femmes s’est arrêté sur le bord de la route avant de s’avancer vers nous.
Ana avait une présence rassurante avec ses cheveux noirs coupés courts et ses yeux pétillants derrière ses lunettes fines. Petra, quant à elle, possédait une beauté classique italienne.
« Besoin d’un coup de main ? » demanda Ana avec un grand sourire.
Après que nous ayons détaillé notre situation, elles nous aidèrent à contacter l’entreprise de location. Elles nous expliquèrent qu’il valait mieux qu’il y ait des Italiennes au bout du fil pour éviter toute arnaque. Et ça a fonctionné ! La société s’occupait de récupérer notre voiture et de nous en faire venir une nouvelle. Nous avions bien fait de prendre cette assurance.
En attendant, elles nous invitèrent chez elles, un appartement situé à l’extérieur de Padoue avec une vue imprenable sur un canal.
« Vous êtes sûres ? On ne voudrait pas déranger, » hésitai-je, bien que la perspective d’une pause au frais soit plus que tentante.
« Bien sûr, venez. C’est la moindre des choses, » répondit Petra avec sincérité. Et nous voilà parties, embarquées dans la voiture de ces deux anges providentiels.
En route, je me surpris à observer Petra. Il y avait quelque chose d’hypnotique chez elle. Les lignes d’expression qui parcouraient son visage racontaient une vie bien vécue. On voyait que c’était une femme qui avait eu des doutes autant que des éclats de rire. Elle était belle avec ses cheveux dont la coloration était passée de quelques semaines ; on pouvait voir quelques racines blanches reprendre leurs droits. Je ne sais pas si j’avais envie d’elle ou envie d’être elle. C’était une sensation aussi troublante que fascinante.
Une fois arrivées chez elles, je me suis sentie immédiatement accueillie. Leur appartement était un havre de paix, baigné par la lumière naturelle et décoré avec goût. Ana nous servait une limonade fraîche pendant que Petra nous montrait la chambre d’amis. Enfin installée dans leur salon, je réalisai soudainement que lâcher prise sur ce qui échappe à notre contrôle peut souvent mener à des situations bien plus belles que tout ce qu'on aurait pu imaginer. Parfois, les personnes avec qui je partage cette vaste planète se révèlent être d'une grande gentillesse et prêtes à aider. J’eus un soudain accès de confiance en la vie. J’avais le droit de compter sur les autres et que, s’ils n’étaient pas là, j’avais toutes les ressources pour me sortir d’une situation compliquée.
Pour remercier Ana et Petra de leur accueil, Chouchou et moi les avons invité au restaurant ce soir-là. Nous avons choisi un petit établissement charmant près du canal. Autour d’une table éclairée par des bougies, nous nous sommes lancées dans une étude des différences culturelles entre l’Italie et la France.
« Vous, les Françaises, vous râlez tout le temps ! Mais, des fois c’est tout à votre honneur, car vous arrivez à faire bouger les choses dans votre pays, » remarqua Ana avec malice.
« Et vous, les Italiennes, vous mettez tellement de passion dans chaque mot ! C’est un don d’être aussi expressifs. On est tout coincé.e.s chez nous, » répondis-je en riant.
« Mais qui d’entre nous sont les meilleur.e.s amant.e.s ? » lança Chouchou, toujours prête à me taquiner. « Alors Coco, toi qui as pu tester les deux nationalités, tu ne veux pas nous faire un petit comparatif ? »
Je rougis légèrement mais acceptai le défi. « Eh bien, disons simplement que Vérone n’a pas volé son titre de ville de l’amour. »
Les rires fusèrent autour de la table et bientôt la conversation dériva vers les expériences estivales les plus folles de chacune.
Petra fut la première à partager. « C’était il y a bien deux décennies en Sicile. J’y allais tous les ans quelques semaines chez ma grand-mère. Je devais à peine avoir 18 ans et je passais mon temps à lire dehors. C’est comme ça que j’ai rencontré Carla. Elle était un peu plus âgée que moi. Après quelques semaines à traîner ensemble et à discuter littérature, nous nous sommes retrouvées un soir pour aller au cinéma. Nous avons terminé la soirée dans une petite crique à faire l’amour. J’avais encore très peu d’expérience et elle a pris le temps de me faire jouir d’abord puis m’a guidée vers son plaisir. Elle m’a beaucoup appris cet été-là. Nous avons gardé contact quelques années puis, avec les études, j’ai changé d’adresse et cette idylle est restée un des souvenirs que je chéris le plus. »
Chouchou prit le relais.
« Bon, je vais vous raconter une de mes aventures les moins glorieuses. Il y a quelques années, je suis partie en vacances solo en Ardèche. J’avais besoin de déconnecter, de prendre du temps pour moi. C’est là que j’ai rencontré un musicien dans un petit bar local. Il faisait partie d’un groupe qui jouait des morceaux de rock vintage. Il était canon si, comme moi, vous aimez le genre poète torturé. Après le concert, on a bu un verre et discuté. Je me suis laissée tenter par l’idée de le revoir. »
Chouchou marqua une pause, se remémorant les détails en levant les yeux au plafond. « Donc, après un rendez-vous assez banal où il a surtout parlé de lui, de ses blessures et de sa musique, nous avons fini par passer la nuit ensemble. Et là, le drame.
Vous savez comment ça peut être avec certains hommes : ils sont persuadés d'avoir les compétences nécessaires pour nous faire plaisir de manière innée. Comme si marteler le plus fort la vulve allait forcément toucher le clitoris à un moment. Comme si un premier soupir de plaisir signifiait “OK, c’est bon tu peux rentrer l’ami”. Eh bien, c’était un de ces mecs-là. On aurait dit qu’il essayait de faire du feu avec mon clitoris tellement il s’affairait à le frotter de ses doigts. Il semblait désespérément chercher quelque chose qui n’était pas là. »
Je ne pus m’empêcher de rire en imaginant la scène, tandis que Petra et Ana écoutaient, amusées. Chouchou continua.
« Il était si maladroit que j’ai eu le malheur de lui dire non lorsqu’il m’a demandé si j’avais joui. Il s’est vexé comme un pou et a essayé de me dire que c’était sûrement moi qui étais frigide. Heureusement que j’étais déjà adulte, mais ce genre de retour peut détruire le peu de confiance en soi d’une ado qui découvre la sexualité. Ah, l’égo des musiciens ! Ils sont souvent un peu trop fiers pour accepter les critiques, même les plus constructives. »
Elle haussa les épaules. « Mais vous savez ce qui est génial avec les femmes, c’est qu’elles savent toujours ce qu’elles font. Dans mes histoires avec elles, il n’y a jamais eu de malentendu ou de guerre d’orgueil. Elles prennent le temps, elles sont attentives, et elles savent exactement comment me faire jouir. Elles comprennent que la stimulation du clitoris est essentielle et elles savent que c’est la clé pour une expérience vraiment satisfaisante. »
Les deux femmes s’esclaffèrent en chœur, Petra ajoutant avec un clin d’œil : « Effectivement, on sait ce qu’on fait avec ça ! Mais attention, elles ne sont pas toutes des déesses du sexe, tu as dû faire de belles rencontres. »
Ana, amusée, se tourna vers Chouchou. « Donc, on peut dire que tes soirées avec les musiciens n’ont pas toujours été un succès retentissant, mais qu’elles t’ont permis d’apprécier encore plus les moments de bonheur avec les femmes. C’est une jolie leçon sur l’importance de la patience et de l’attention. »
Je pris une gorgée de vin avant de me lancer : « Cela dit, il y a quand même des mecs qui savent ce qu’ils font. Certains connaissent l’existence du clitoris et des bases du plaisir féminin. Croyez-moi, ça fait toute la différence. »
Chouchou, visiblement intriguée, pencha la tête avec un regard malicieux. « Ah bon ? Tu sembles avoir gardé quelques détails pour toi ce matin. Allez, tu en as déjà trop dit ! »
Je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire en me souvenant de la nuit précédente. « D’accord, d’accord. Alberto… Il a vraiment pris son temps. Il était focalisé sur ce qui me faisait plaisir et était à l’écoute de mes retours. Il n’était pas dans la précipitation ou la performance. Il était attentif à chacune de mes réactions, alternant avec une finesse rare entre la douceur et la passion. On a pris le temps de laisser le plaisir monter et c’était incroyable tout le long, pas simplement durant l’orgasme. »
Chouchou éclata de rire, soulagée. « Ah, ça fait plaisir à entendre ! Il y a de plus en plus de contenu autour du plaisir des femmes et de la sexualité positive. J’ai vu pas mal de bouquins et de choses sur les réseaux sociaux. C’est trop cool, on va tous et toutes être égaux dans le plaisir ! »
La soirée continua ainsi, ponctuée de rires, de confidences et du doux parfum des amitiés naissantes. Je ne pouvais m’empêcher de penser que notre rencontre avec Ana et Petra n’était pas simplement une coïncidence. Même si nous n’étions pas encore à Venise, elles nous ont offert une expérience italienne tout aussi authentique et mémorable.
Chapitre 6
Venise - 1er août
Cette journée n’a ressemblé à aucune autre. J’avais prévu de me perdre dans les ruelles de Venise, mais la vie en a décidé autrement. Avec la voiture en panne et la nouvelle qui n’allait pas arriver avant le soir, Chouchou et moi nous sommes retrouvées à passer la journée chez Ana et Petra. Elles étaient parties travailler ce matin, et Chouchou rattrapait les deux derniers épisodes de sa série préférée dans le salon.
Au début, l’idée de ne rien faire m’a laissée perplexe. Devrais-je répondre à des mails en retard ? Peut-être, organiser mon agenda pour préparer la rentrée ? Mais alors que je regardais le ciel azur au-dessus de moi, un sentiment nouveau m’a fait frissonner. Je n’avais pas envie de penser boulot, ni organisation, j’étais en vacances en Italie après tout !
J’ai sorti un roman qui avait abandonné l’espoir que je le termine depuis quelques semaines déjà, et je me suis installée dans une chaise longue sur la terrasse. Après quelques pages, mon attention s’est envolée au-delà des lignes imprimées. Le murmure du vent dans les feuilles, le parfum des fleurs dans l’air, la chaleur du soleil sur ma peau : tout semblait conspirer pour m’inviter à profiter de cette journée. Une douceur infinie m’envahit, une sensation de paix que je n’avais pas ressentie depuis longtemps. J’ai posé mon livre sur mes genoux et j’ai fermé les yeux pour mieux savourer cette agréable torpeur.
Je me suis réveillée quelques minutes plus tard plus détendue et de cette sérénité absolue, une nouvelle soif grandissait en moi. J’avais envie de faire quelque chose qui me ferait plaisir tout en prenant du temps rien que pour moi.
Mes aventures en festival avaient ravivé mon appétit, c’était le moment de m’offrir une parenthèse de plaisir solo. Je me suis souvenue que j’avais glissé Le Bisou dans ma valise, je n’avais pas encore eu l’occasion de le tester seule.
Je me suis donc retirée dans la chambre d’amis en fermant la porte doucement derrière moi. L’atmosphère était parfaite et le silence, presque sacré. J’ai sorti Le Bisou puis je me suis allongée sur le lit.
J’ai d’abord glissé la main sous l’élastique de ma jupe pour sentir ma vulve et mon clitoris à travers le tissu de ma culotte. Je me suis caressée ainsi quelques minutes, à naviguer entre détente et plaisir. J’aimais éprouver le tissu doux contre ma peau, la légère résistance qu’il offrait à mes caresses éveillait mes sens d’une manière nouvelle.
Petit à petit, mes doigts se sont faufilés sous la dentelle. Le contact direct de mon clitoris m’a envoyé une vague de frissons. J’ai commencé par de légères pressions, puis j’ai dessiné de petits cercles. Je me concentrais sur les sensations qui montaient et sur cette énergie qui pulsait doucement en moi. Chaque mouvement de mes doigts et chaque pression me donnaient un rapide aperçu du plaisir à venir. Je sentais la chaleur qui s’installait entre mes cuisses.
Les premières vagues de désir ont amorcé leur déferlante, je me suis saisie du Bisou et j’ai laissé glisser ma culotte sur mes chevilles. Après avoir mis une petite dose de lubrifiant sur le vibro, je l’ai approché de l’intérieur de mes cuisses puis de ma vulve sans l’allumer, comme s’ils faisaient connaissance. J’ai fait rouler sa tête ronde par petits cercles pour séparer les lèvres. J’ai ensuite allumé les vibrations en commençant par la plus basse.
J’ai pris mon temps en augmentant progressivement l’intensité. Le Bisou est passé du mode le plus doux à un rythme légèrement plus soutenu. Les vibrations, bien qu’encore légères, ont commencé à me transporter. J’ai fermé les yeux, me concentrant uniquement sur cette sensation de plaisir pur.
Pour éveiller encore plus mon plaisir, je me suis amusée à le contrôler en descendant la tête du Bisou vers l’entrée de mon vagin quand l’excitation s’intensifiait trop sur mon clitoris. Puis je remontais doucement en me délectant de cette langoureuse ascension jusqu’aux milliers de terminaisons nerveuses de mon clitoris. J’ai resserré mes cuisses autour de la tête du Bisou pour accentuer le contact avec mon intimité. Je sentais chaque centimètre du vibro contre moi. Mes hanches ont ondulé en rythme. Mon bassin accompagnait chaque pulsation et chaque frémissement.
L’orgasme a commencé à monter, lentement, profondément, telle une vague puissante qui se formait au loin. Mes muscles se sont tendus alors que le point de non-retour approchait. Je voulais savourer cet instant en équilibre au bord de la falaise de l’extase.
Le Bisou, désormais en mode de vibration rythmé et intense, était parfaitement en phase avec mon corps et avec mon désir. Chaque pulsation devenait une nouvelle décharge de plaisir encore plus intense que la précédente.
Mon souffle est devenu plus rapide, plus court, mes hanches se sont mises à bouger de manière instinctive, cherchant à amplifier davantage cette sensation.
Puis, l’orgasme a éclaté en moi, balayant tout sur son passage. Ce n’était pas une simple décharge, mais une véritable onde de choc. Je me suis abandonnée à ce mélange si particulier de chaleur, de picotements et de contractions sourdes. Mon corps tout entier a été traversé par une série de spasmes. Chaque muscle, chaque nerf réagissait à cette intense libération de plaisir.
Mon dos s’est arqué, mes mains se sont agrippées au manche de mon vibro et un gémissement léger m’a échappé. Le monde autour de moi avait disparu, seul le goût de la jouissance absolue persistait.
Une chaleur douce s’est installée dans chaque fibre de mon corps pendant que les contractions de mon vagin s’estompaient peu à peu. Une sensation de légèreté m’a envahie : l’orgasme avait emporté avec lui tout ce qui pesait sur moi. Mon esprit était désormais clair et serein.
Allongée là, le Bisou reposant paisiblement à mes côtés, j’ai profité de ce calme après la tempête. Je me sentais si bien bercée par cette plénitude réconfortante.
Ce n’était pas simplement une libération physique, mais une reconnexion profonde avec mon être. Je m’étais autorisée un moment hors du temps où je pouvais exister sans contraintes, sans attentes.
J’ai compris à quel point il est essentiel de s’accorder de vrais instants de plaisir, qu’ils soient sexuels ou sensoriels, pour se rappeler que ce corps, que cette vie, m’appartiennent entièrement.
En émergeant de cette séance, une clarté nouvelle s’est imposée à moi. Il était temps que je réorganise ma vie, que j’inclue plus de ces moments de reconnexion dans mon quotidien. Trop souvent, j’avais laissé les obligations et le stress dicter mon emploi du temps.
Il ne s’agissait pas seulement d’une parenthèse dans une vie bien trop remplie, mais d’une nécessité. Dorénavant, je m’accorderai ces plages de temps rien que pour moi, où le travail, les obligations et les préoccupations n’auront pas leur place.
Je voulais vivre plus spontanément, m’autoriser à changer de plan, à dire oui à l’imprévu et surtout, à profiter de ce que la vie avait de mieux à offrir.
Le milieu d’après-midi arriva, et avec elle notre nouvelle voiture de location. Après avoir remercié Ana et Petra une bonne centaine de fois de plus, nous avons pris la route pour Venise. Sur le trajet, j’ai fait part à Chouchou de ma résolution. Elle m’a regardée avec ce sourire complice que je lui connais si bien.
En arrivant à Venise, la magie opéra immédiatement. Avec ses canaux scintillants, ses ponts poétiques et ses gondoles élégantes, la Sérénissime et son histoire millénaire embrasèrent nos sens.
Alors que la lumière déclinait peu à peu, nous nous sommes retrouvées au Campo Santi Giovanni e Paolo, une place magnifique et calme, loin de l’agitation des grands sites touristiques. Les lumières dorées des lampadaires se reflétaient sur les pavés et dans les canaux dans une atmosphère à la limite du réel.
Je me suis assise sur un banc, face à l’église majestueuse, et j’ai sorti mon téléphone.
« Ciao, Alberto. Il me reste deux nuits à Vérone après mon périple à Venise. Que dirais-tu d’en passer une ensemble ? »
J’ai relu plusieurs fois ces quelques mots avant d’appuyer sur « envoyer ». Un mélange d’excitation et d’appréhension m’envahit. Avais-je pris la bonne décision ? J’ai préféré ne pas y penser, laissant le cours des choses se dérouler naturellement, comme je l’avais appris cette semaine.
Chouchou est revenue avec deux gelatos pour célébrer ma nouvelle résolution. Nous avons continué notre balade nocturne, nos pas nous guidant entre les rios, les corti et les campi.
Puis, alors que nous passions devant une petite librairie habitée par des chats, j’ai senti mon sac vibrer.
« Ça me ferait très plaisir de te revoir. Je connais un endroit magnifique à Vérone que j’aimerais te montrer. Je te promets une soirée encore plus mémorable… Et pas seulement pour la vue. ;) »
Un sourire s’est dessiné sur mes lèvres. Un frisson d’anticipation m’a parcouru l’échine, mon imagination était déjà en train de vagabonder. Ce qui m’attendait à Vérone restait un mystère, mais j’étais prête à m’y abandonner.
La suite de l’aventure promettait d’être aussi imprévisible qu’enivrante. Mais pour l’instant, je me concentrai sur la beauté de Venise, sur cette journée passée avec Chouchou et sur le bonheur simple de profiter de ce que la vie a à offrir : partager des moments avec ses proches, tester de nouvelles choses, vivre de belles rencontres, flâner, boire, manger, se masturber.
FIN